ISBN : 978-2-37871-008-8
– Pourquoi ce livre ? Un de plus ! Vous trouvez qu’il n’y en a pas assez ?
Depuis des siècles ! Des pages, des milliers de pages ; des tomes, des sommes, des pavés, commis par des besogneux, quelquefois écrits par des auteurs de talent, très rarement des génies. Des imaginatifs, des rêveurs, des nostalgiques, des soucieux, des naïfs, des ambitieux, des calculateurs, des commerçants, des faiseurs. Et dans toutes les langues, de toutes les époques. Qui narrent, racontent, témoignent, décrivent, rimaillent, inventent, bafouillent. Vous voulez rajouter votre petite pierre ? Parfaitement superflu !
– Que puis-je vous répondre ? Nécessité ? Désir ? Catharsis ? Besoin de l’Autre.
– Égocentrique autant qu’impudique !
– Il y a de ça… mais chacun de nous partage avec ses contemporains un besoin… de partage ! L’art – j’y inclus évidemment l’écriture – est tout aussi nombriliste que fraternel. Si, aux premiers jours de l’humanité, l’art rupestre s’apparentait à la magie et si, dans l’antiquité, au Moyen Âge, l’art déclinait le sentiment religieux, il n’en témoigne pas moins d’un appel sans cesse réitéré. Chaque fois, des hommes crient leur solitude à d’autres hommes.
– Un appel très mal entendu !
– Entend-on toujours son coeur ? Pour autant il bat et nous maintient en vie.
– Mais, pour en revenir à ce livre, il ne ressemble à rien. C’est un mélimélo de textes sans aucun lien, qui n’ont en commun que leur auteur. Il n’y a ni véritable histoire, ni suspense.
– Sans aucun lien ? Dans un corps chaque organe joue son rôle, comme chaque instrument dans un orchestre. Quant au désordre, n’est-ce pas un ordre exposé d’une autre manière ? Il en est de ce livre hétéroclite. À la différence d’un récit ou d’un roman qui ne raconterait qu’une seule histoire, cette compilation de textes ouvre des lectures multiples. Comme une auberge espagnole, comme une fenêtre offerte au grand large ; comme des portes battantes ont vocation à ne jamais se refermer…
298 pages